Patrimoine et Histoire de Champfromier, par Ghislain LANCEL |
Le recensement de 1906 est signé par Marius Ducret, maire, en date du 31 mars 1906 (mais la presse donne la date du recensement au 4 mars 1906 [L'Avenir Régional, du 06/04/1906]). La population de Champfromier est alors de 839 habitants. La grosse maison Ducret-Meunier (rue du Champ-du-Pont) vient d'être contruite et elle y héberge déjà, outre ses propriétaires, ses premiers douaniers.
La répartition de l'habitat sur l'ensemble de la commune poursuit une lente désaffection des hameaux et surtout des fermes isolées au profit du village. Mais ce transfert est encore lent, en 25 ans, par rapport au recensement de 1881, la population totale a baissé de 65 habitants, et celle du hameau d'Evuaz de 36, tandis que celle du village a augmenté de 72.
Le panel des professions mentionnées est vite résumé puisque le secteur agricole emploie 364 personnes sous des variantes diverses (cultivateur, cultivateur fermier ou fermier cultivateur, cultivateur propriétaire ou propriétaire cultivateur, domestique de ferme, ouvrier agricole, cultivatrice, etc.) On ne relève que 504 professions désignées, la culture fait donc vivre 72 % de la population active ! Viennent ensuite les petits métiers de femmes ou d'hommes, comme les 7 couturières et les 5 cordonniers, dont le maire du village est l'un d'eux. Pour deux activités, les individus recensés sont plus nombreux, 22 lapidaires (mais cet effectif est très en retrait par raport aux 114 de 1896) et 10 douaniers en activité. Les autres recensés sont aubergiste, cafetier ou boulanger, ou encore instituteurs ou facteurs, fromager, industriel, marchands de bois, scieur ou voiturier, sage-femme, docteur ou curé. Parmi les originalités on relève un agent voyer en retraite, deux serruriers, un courrier des postes, un tailleur de pierre et une tisseuse (née à Lyon, connue pour tisser la soie). Les retraités mentionnés, une dizaine, sont presque tous d'anciens douaniers, n'ayant pas encore atteint les 60 ans.
De nombreux patronymes ancestraux sont portés par plusieurs dizaines de personnes (Coutier, Grenard, Julian, Mermet). On relève 56 Tournier. Le patronyme le plus usité est celui de Ducret, avec 162 personnes soit 19 % de la population.
En dehors d'un Italien, domestique au Pont-d'Enfer, tous les étrangers de Champfromier sont Suisses, apparentés et travaillant dans l'une des deux fromageries du village, celle de Monnetier, où ils sont patrons, ou celle du haut de Champfromier-le-Haut (rue de la Fruitière) où ils travaillent alors pour "Carros Chartron". Ils sont donc 16 étrangers, et aucun ne travaille dans une scierie !
Le Dictionnaire du département de l'Ain, publié en 1907 par Al. Pommerol, pourra se consulter (à la bibliothèque de Bellegarde) pour compléter utilement le recensement en ce qui concerne les données géographiques, les voies de communications et les rivières, et aussi pour un état agricole. Par exemple il mentionne que "Le commerce réside surtout dans la vente de bois, des planches de sapin, des fromages. - Un hôtel, un boucher, un boulanger, deux forgerons, un fabriquant de galoches, un lapidaire, etc. Comme industrie : 3 petits moulins dont un à Evuaz et un autre à Pont d'Enfer, 4 scieries mécaniques de bois occupant au total une quinzaine d'ouvriers, 3 fromageries ayant mis en œuvre, en 1903, 4950 hectolitres de lait" [Ouvr. cité, p. 119-120]. Ces données surprennent toutefois puisque par exemples l'on ne mentionne plus de galochier depuis le recensement de 1891 et que les lapidaires sont plus d'une vingtaine en 1906... Concernant les rues et maisons du village, on pourra visualiser à nouveau les cartes postales de Michaux, Ferrand et Richerd.
Par rapport au précédent recensement, celui de 1901, l'âge moyen est en petite amélioration, à 32,8 ans (Ecart-type de 21,9 ans). Avec 96 ans, François DUCRET, Docteur en médecine demeurant à Champfromier le Bas (Rue de l'Eglise), serait le sans conteste doyen (mais son âge est à vérifier).
Le nombre moyen d'habitants par famille est de 3,81.
Les numéros de maison, de ménage et individuels ne sont identiques à ceux du registre que pour le début du recensement (Le Pont d'Enfer). Dans le fichier de ce site ils ont été poursuivis dans l'ordre croissant (au lieu de repartir à 1 pour chaque nouveau nom de lieu, comme dans le recensement). L'exactitude, en particulier pour les prénoms, n'est toujours pas la priorité. A titre d'exemple, signalons que si l'on recherche Emile Francis Ducret, il faut le chercher à son prénom usuel de Francisque.
Dernière mise à jour de cette page, le 4 mai 2008.