Patrimoine et Histoire de Champfromier, par Ghislain LANCEL

Recensement de 1946

 

Ce recensement daté du 11 avril 1946, est évidemment le premier d'après guerre. Il ne dénombre plus que 456 habitants, soit une centaine d'individus de moins qu'au précédent recensement, celui de 1936. Relativement précis sur certains aspects, il comporte des numéros de maison (pas ceux actuels), de ménage et individuels, mais ils recommencent à 1 avec chaque quartier de la commune ! Ce recensement comporte surtout la mention des maisons vacantes, avec le nom de leur dernier occupant (ou propriétaire). Cette ligne d'information est placée soit à l'emplacement attendu par rapport aux autres habitants soit en fin de quartier (de même que les fromageries, scierie et église). On sait que de nombreuses fermes isolées de la commune furent brûlées par l'occupant à la fin de la guerre et définitivement délaissées en ruine.

La population exacte est certainement un peu différente du nombre indiqué de 456 recensés (puisque la ligne du prisonnier de guerre 276 fut ensuite barrée et que l'individu Grisard est compté en double, aux numéros individuels 35 et 407). D'autre part plusieurs lignes d'individus ou de ménages sont notées "absents" (au propre ou au crayon)... Ainsi, René Evrard, fils, est absent. Est-ce à dire que les maisons sont vacantes, que l'individu est porté disparu des suites de la guerre ou que le recenseur n'a pu obtenir les renseignements ?

Exécuté seulement une année après la fin de la guerre, ce recensement est encore empreint d’une prudente discrétion, ou d'un relevé minimal suffisant : pas de mention de lieu de naissance ni de désignation de patron. Et pour les épouses c'est très confus, parfois les deux noms, d'épouse et de naissance, mais parfois l'un seulement, sans préciser lequel ! L'exemplaire consulté à la mairie porte des modifications, au crayon (comme une ligne barrée pour un prisonnier de guerre) ou au stylo rouge (comme la mention Suisse pour corriger la nationalité).

 

Observations et récapitulatifs du document

La dernière page du recensement comporte les récapitulatifs : Pont d'Enfer (151 habitants, 34 maisons et 49 ménages), Champfromier le bas (48, 11, 17), le Haut (33, 22, 15 !), Bordaz (22, 8, 8), Communal (45, 18, 13?), La Caserne (13, 6, 6), Monnetier le Crêt (35, 14, 11), le Bas (15, 8, 6), la Rue (32, 14, 10), soit pour ce sous total (394, 135, 135) Et pour les autres lieux (Evuaz, Potachet, etc.), les chiffres sont (62, 24, 34), soit au total (456, 179, 169).

Observations complémentaires (métiers)

La guerre tout juste terminée, Champfromier ayant été à quelques kilomètres près dans le zone occupée et non libre, l'activité professionnelle prépondérante est celle qui nourrit ses familles, l'agriculture. Sur les 456 habitants, on ne compte pas moins de 182 cultivateurs ou cultivatrices, âgés de 10 à 90 ans ! Les petites activités complémentaires sont celles de boucher (1 personne), boulanger (2), café (2), charpentier (2), charron (1), coiffeuse (1), cordonnier (3), couturière (2), ébéniste (1), épicier (4), facteur (1), fromager (5), etc. Les lapidaires sont 17. Cette activité permet un travail à domicile. Un siècle ou quelques décennies plus tôt ces personnes seraient parties travailler la soie à Lyon ou peigner le chanvre dans les pays voisins. Mais l'activité qui se prépare à d'importants développements, c'est l'exploitation du bois. La voie du tram est définitivement désaffetée, mais les camions ont pris le relai. On compte quatre exploitants forestiers en titre, Joseph, Fernand, Raymond et Auguste DUCRET, pour seulement encore autant de bucherons, dont deux italiens. Mais s'ajoutent déjà à ce secteur d'activité six scieurs, cinq chauffeurs, et probablement les deux comptables et les deux secrétaire et sténo-dactylo. On dénombre par ailleurs 11 retraités et 147 individus sans profession, souvent des femmes âgées ou des enfants.

On dénombre 13 étrangers, 5 italiens (bûcheron, maçon) et 8 suisses (fromagerie et activités agricoles), ainsi qu'un prisonnier de guerre (barré), mécanicien allemand (Helmut Crémers).

Age moyen et moyenne d'habitants par famille

Comme pour la Première guerre mondiale, le second conflit produit un vieillissement de l'âge moyen, qui passe à 39,4 ans (avec un écart-type de 22,8 années) alors qu'il était de 38,5 ans avant la guerre (en 1936). La doyenne de la commune est Marie GENOLIN, 90 ans, cultivatrice demeurant avec sa fille à Monnetier.

Le nombre moyen d'habitants par famille est de 2,93. Au sortir de la Seconde guerre, c'est sans surprise le plus bas observé sur l'ensemble des recensements de 1841 à 1968.

Conventions pour le fichier de ce site

La numérotation individuelle a été entièrement reconstituées, sans doublons involontaires (suivant l'ordre croissant). Comme pour les recensements précédents, les numérotations des immeuble et ménage sont complètement repris afin d'adopter un ordre croissant sur l'ensemble de la commune (et non recommencer à 1 à chaque changement de nom de lieu). Les habitations vacantes et autres immeubles (église, fromagerie, etc.) sont également numérotées, beaucoup étant regroupés en fin du recensement.

De nombreux noms de naissance d'épouses ont été retrouvés (et signalés par la teminaison avec le signe =, ou mis dans la colonne des noms Standardisés).

 

Remerciements. Réalisé en mairie de Champfromier par Ghislain Lancel durant les années 2007/2008. Remerciement aux deux secrétaires de mairie, pour leur accueil toujours bienveillant.

Dernière mise à jour de cette page, le 30 septembre 2008.

 

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