Patrimoine et Histoire de Champfromier, par Ghislain LANCEL |
Le Pont de Coupy, à Bellegarde (Ain), n'est pas un pont sur le Rhône mais sur la Valserine, son affluent qui s'y jette quelques centaines de mètres en aval.
1601. Par le Traité de Lyon (1601), par lequel le Bugey et le Pays de Gex devenaient français, la Savoie conservait néanmoins un étroit corridor composé de quelques paroisses, dans lesquelles passa désormais le Chemin des Espagnols (allant d'Italie aux Pays-Bas), chemin devant franchir le Rhône au Pont de Grésin, et passant ensuite par Ballon, Lancrans et Chézery, avant de rejoindre la Franche-Comté leur alliée (par le département actuel du Jura). Afin de contrôler ce corridor, la France fait alors rapidement construire par Lavardin un pont sur la Valserine, entre le nouveau territoire acquis par la France (rive droite de la Valserine, au lieu de la future ville de Bellegarde sur Valserine) et Coupy (rive gauche, appartenant au corridor savoyard). Ce "Pont Lavardin" signa la fin du passage ancestral par la passerelle des Oulles (Pertes de la Valserine), un lieu situé à 2 km en amont, où la roche affleure et où la rivière est presque souterraine !
Ce pont était situé à quelques dizaines de mètres en aval du Pont de Coupy actuel. J'avais encore pu photographier des bribes d'aménagements de la culée rive gauche (mur de soutien, encoche dans le roc), lors de la Chasse du Rhône de mai 2016 (qui, par abaissement du niveau du Rhône, vide aussi la Valserine, à proximité de son confluent).
1616. Première mention connue du pont désormais appelé "Pont de Bellegarde", du nom de Roger II de Saint-Lary de Bellegarde, l'omnipotent gouverneur de Bourgogne... (Lavardin étant décédé en 1614).
1695. Le pont est refait à neuf, à l'emplacement du Pont de Coupy actuel [Ghislain Lancel, Le Chemin des Espagnols dans l'Ain, depuis 1567, page 74 (l'ouvrage présente aussi de nombreux plans du XVIIIe siècle où ce pont est figuré, et y est même souvent dénommé].
1725. Le pont est donné à réparer par l'intendant de Bourgogne à un nommé Dusaugey, pour le prix de 1.500 livres de France. Il mesure 6 toises et 6 pieds et demi de longueur pour une toise et 2 pieds un pouce de largeur. Il est composé d’une seule arcade, et comporte dans le milieu du parapet une borne dans laquelle sont empreintes les armes de France, et les deux millésimes, 1695 et 1725 [Ghislain Lancel, idem].
1940 (19 juin). Le pont est dynamité (pour tenter de retarder l'avancée des troupes allemandes) [Voir des photos dans le site de Bellegarde, par Eric Toiseux].
1942 (14 janvier). La passerelle de remplacement est mise en service [Même site E. Toiseux].
1947. Construction du "Pont de Coupy" actuel.
Publication : Ghislain Lancel. Remerciements : Michel Blanc.
Première publication le 19 décembre 2017. Dernière mise à jour de cette page, idem.