Patrimoine et Histoire de Champfromier, par Ghislain LANCEL |
Près d'un demi-siècle avant Belleloche, les ruines du château de Dorches avaient déjà fait l'objet d'une gravure, par Boissel, avec l'avantage qu'il est vu par le côté opposé !
L'ouvrage s'intitule : "Voyage pittoresque, et navigation exécutée sur une partie du Rhône réputée non navigable. Moyens de rendre ce trajet utile au commerce". Il fut publié en l'an III de la République (1794/95), T. C. G. Boissel. L'auteur avait pour ambition de publier le récit de sa propre navigation sur le Rhône dans sa partie "Non navigable de Fort l'Ecluse à Génissiat", ce qu'il fit réellement avec moultes péripéties ! Le fond de sa pensée, exprimé dans l'introduction est qu'il "serait utile d'aménager cette espace pour flotter des mélèzes venant du Valais, utiles aux mats de notre marine".
Boissel agrémente son récit de dessins signés de son nom (et gravés par Picquenot). La vue 11 nous intéresse particulièrement puisque c'est celle où l'on voit les ruines du château médiéval (vues depuis l'ouest), quelques maisons à l'arrière, la cascade, deux paysans cultivant la terre et les montagnes à l'horizon. Les oiseaux représentés dans les nuages ne sont toutefois là que pour orienter les lieux. La légende placée au bas de la gravure précise ainsi que l'oiseau seul (à gauche des ruines) signale la direction du Jura, les deux oiseaux (placés bien à droite des ruines), le Mont Blanc, et encore plus à droite de la gravure, les trois et quatre oiseaux, les directions du S. Bernard et du Mont Cenis.
Si l'on reconnaît parfaitement les lieux, avec le château positionné sur l'éperon rocheux (mais trop près du précipice), et la splendide cascade, il faut peut-être être prudent sur l'exactitude du rendu des ruines, ou du moins sur la vue d'ensemble. L'auteur précise en effet lui-même que pour "une vue plus composée que ne le présenterait une exacte vérité", il a "raccourci le grand plan du centre" du tableau, et que "un site peint avec sentiment est plus reconnaissable que s'il n'est peint qu'avec vérité" (pp. 63-65). On reconnait toutefois fois bien, étant la plus à droite, la tour carrée.
Voir aussi le Pont routier et le spectaculaire éboulement de 1910.
Publication : Ghislain Lancel. Remerciements : Hélène Tossan
Première publication le 25 mai 2022. Dernière mise à jour de cette page, idem.