Patrimoine et Histoire de Champfromier, par Ghislain LANCEL

Paul Coutier, maire (1861-1874)

 

Après le décès de Martin Ducret (le 28 août 1861), maire titulaire dont Paul Coutier était l'un des conseillers, c'est lui qui le remplace avant d'être officiellement nommé maire en novembre. Après plusieurs mandats, sa fonction de maire cessera brutalement par un arrêté préfectoral le remplaçant en février 1874.

Nomination de Paul Coutier, maire (1861)

A la suite de la nomination par le préfet en date du 12 novembre courant, Paul Coutier est installé le 17 novembre 1861 [RD10, f° 67v].

Election du conseil et nomination du maire, renouvellées (1865)

Les nouveaux conseillers municipaux (10 pour Champfromier et 2 pour Evuaz) sont élus les 23 et 30 juillet 1865, et installés par le maire dans la salle ordinaire du conseil. Un tableau indique leurs noms, prénoms, tour de scrutin (au premier, sauf mention), nombre de suffrages et observations (néant). Ce sont Ducret-Californien Jean, 220 voix, Ducret Etienne (180), Ducret-Butte François (153), Ducret Julien (149), Coutier Paul (140), Vallet Jean (129), Martin Jean-Roland (121), Tournier Jean (119), Ducret-Lizet Joseph (87, 2e tour), Neyron Joseph (77, 2e tour), et pour Evuaz, Mermet Marie [Pierre-Marie] (38), Rendu Auguste (26, 2e tour), et tous signent [RD10, f° 93-93v (23 et 30 juillet 1865)].

Le maire, Paul Coutier, nommé un peu plus tard par arrêté préfectoral en date du 26 août 1865, et réinstallé et prête serment le 7 septembre. Ducret Julien, adjoint, et Mermet P.-Marie, adjoint spécial d'Evuaz, eux aussi nommés par arrêté de la même date, son aussi installés et prêtent serment [RD10, f° 93v-94].

Election du conseil et nomination du maire, renouvellées puis élu (1870)

Les conseillers de l'élection du 5 août 1870 sont présentés dans un tableau avec, pour la première fois, leur signature en face de leur nom  (avec inversion entre Bornet et Ducret) ! Ils sont installés et prêtent serment le 4 septembre [RD11, f° 30-30v (4 septembre 1870)].

Dans l'ordre alphabétique les 12 conseillers sont donc : Bornet Emmanuel [CI-5205] (cultivateur), Bornet Jean-Marie [5517] (cultivateur), Collet Alphonse [5587 (François-Alphonse, décédé en 1871)] (facteur à Evuaz), Coudurier Jean [5230 (Jean-Marie ?)] (cultivateur), Courbe-Michollet Alphonse [5646] (cultivateur), Coutier Paul (Négociant), Ducret-Butte François [5481 (François-Martin ?] (cultivateur), Ducret Joseph-Anthelme [5319] (cultivateur), Ducret Juste [5667 (Ducret-Charrière)] (cultivateur), Mermet Pierre-Marie [4456] (cultivateur à Evuaz), Reygrobellet Claude [4835 (Claude-Félix ?)] (cultivateur), Tournier Jean-Marie [5603] (cultivateur).

Le maire, Paul Coutier, nommé un peu plus tard par arrêté préfectoral en date du 26 août 1870, et réinstallé et prête serment le 4 septembre. [RD11, f° 30v]. Mais, nouveauté, par arrêté du 6 octobre 1870, les conseillers sont maintenant chargés d'élire le maire et les adjoints, ce qu'ils font, assemblés le 11 octobre 1870.

Sont élus maire, Paul Coutier (9 suffrages), adjoint Joseph Ducret-Lizet (8) et ad joint à Evuaz, Pierre-Marie Mermet (9), et ils sont installés [RD11, f° 31v].

Election du conseil, puis des maire et adjoints, renouvellée (1871)

Elus les 30 avril et 7 mai 1871, ils sont installés dès le 7 mai, et ont fait connaître leur adhésion au nouveau gouvernement.

Dans l'ordre alphabétique les 12 conseillers (3 nouveaux) sont donc : Bornet Emmanuel [CI-5205] (cultivateur, 44 ans), Bornet Jean [5517 (Jean-Marie)] (cultivateur, 36 ans), Coudurier Jean [5230 (Jean-Marie ?)] (cultivateur, 44 ans), Coutier Paul (Cultivateur !, 54 ans), Ducret[-Butte] François [5481 (François-Martin ?] (cultivateur, 37 ans), Ducret Joseph-Anthelme [5319] (cultivateur, 41 ans), Ducret Jules-Joseph [Né à Paris] (nouveau, médecin, 32 ans), Guichon Joseph [5145] (nouveau, cultivateur, 45 ans), Marquis André [4430] (nouveau, cultivateur, 66 ans), Mermet Pierre-Marie [4456] (marchand de fromages, 66 ans), Reygrobellet Claude [4835 (Claude-Félix ?)] (cultivateur, 55 ans), Tournier Jean [5603 (Jean-Marie)] (cultivateur, 32 ans).

Le même jour 7 mai 1871 il est procédé à l'élection des maires et adjoints. Sont réélus les mêmes : maire, Paul Coutier (9 suffrages), adjoint Joseph Ducret-Lizet (9) et ajoint à Evuaz, Pierre-Marie Mermet (9), et ils sont installés [RD11, f° 36-36v].

Sous ce mandat, la division de la commune en deux sections électorales est revue, à la demande du sous-préfet. Il est proposé : 1°) Champfromier, comprenant le chef-lieu, Monnetier, Champfromier-le-Haut, Bordaz, Communal et toutes les fermes qui en dépendent, soit 280 électeurs. 2°) Combe d'Evuaz, comprenant les fermes qui en dépendent, soit 64 électeurs. Il est souhaité aussi de garder 10 conseillers pour Champfromier, 2 pour Evuaz, et que chaque section soit libre de voter dans sa section ou bien l'autre [RD11, f° 53 (23/03/1873)]. Dans la pratique, guère de changement !

Les fonctions du maire cesseront par une ampliation [action de compléter un acte juridique ou administratif précédent] d'un arrêté préfectoral en date du 16 février 1874, qui nomme Joseph-Anthelme Ducret à sa place, dès ce jour ! [RD11, f° 61v (26/02/1874)].

Paul Coutier

Paul Coutier (1818-après1872) [CI-4899] est fils de Claude-Marie Coutier (ancien maire et adjudicataire de l'église), et de Jeanne Marie Coutier. Il épouse Antoinette-Lucienne Grosfilley, en 1844 (et son frère Roland épousera une sœur Antoinette en 1850). Bien que parfois dit cultivateur, comme tout un chacun, il est en réalité marchand-épicier (et plus spécifiquement marchand de fromage) au Pont d'Enfer, ainsi qu'il est dit dans les recensements jusqu'en 1872. Leurs deux fils semblent morts sans postérité.

Il rentre au conseil municipal en 1848 (curieusement installé alors que c'est son père qui avait été nommé par le préfet !) [AD10, f° 16, du 30 mars et 4 juin 1848], est élu conseiller en 1852, et en 1860. Le maire étant décédé en 1861, c'est lui qui en assumera la fonction jusqu'à la fin de l'année. Il sera logiquement nommé maire au début de l'année 1862, et le restera jusqu'en 1874.

En douze années pleines de mandats de maire (1861-1874), ses actes couvrent tous les domaines, pont et voies de communication (construction sans fin du chemin du Pas du Bœuf, et route des Avalanches), fontaines, gardes, chasse et pêche, bureau de bienfaisance, aliénés, indigents, sans oublier les réparations des église et presbytère et des écoles, même si, pour ces dernières mesures, ce fut à contrecœur   ! Son souvenir en tant que maire est gravé dans un blason posé sous le tablier du Pont d'Enfer en 1867 (visible depuis le lavoir au faîte de l'arche du pont la plus proche).

L'abbé Genolin, n'en dresse pas un portrait avantageux, notant qu'il cesse les subventions aux réparations de l'église, ne participe plus au Conseil de fabrique et ne s'y fait même plus représenter, mais que le Conseil municipal finit néanmoins par verser une somme de 2.500 fr pour l'église et le cimetière [Hist. de Champfromier, p. 209-210].

Gérer la commune ne fut pas le seul soucis de gestion. La guerre de 1870 apporta son lots de tracasseries et de drames, au moins un mort et un blessé de guerre. La part financière de Champfromier dans les frais d'habillement et d'équipement de la garde nationale mobilisée, se montent à 4.619 francs. Vu la pauvreté et ce temps de guerre, la commune ne peut payer et emprunte cette somme à seize particuliers (dont le maire lui-même, et son adjoint) [RD11, f° 32v (08/12/1870)].

En 1872, il fait l'objet de violentes attaques dans la presse. Outre ses réponses insultantes envers la presse, on lui reproche "de passer du rouge écarlate de la République de 1848 à un maire dévoué sous l'Empire", de laisser se délabrer l'église, l'école des filles et le cimetière, et que le vote des 6800 francs de réparations urgentes à l'église ont été vôtés contre sa volonté [Le Courrier de Lyon, du dimanche 27 octobre 1872, pp. 2 et 3 ; Signalé dans L'Abeille du 03/11/1872].

Paul Coutier cessa brutalement ses fonctions, suite à un arrêté préféctoral le remplaçant en février 1874.

Voir les articles de la presse de 1872

 

Publication : Ghislain LANCEL. Sources : AC Champfromier, RD10 et RD11.

Première édition de cette page, le 23 septembre 2015. Dernière mise à jour, idem.

 

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