Patrimoine et Histoire de Champfromier, par Ghislain LANCEL

La cloche Martine de 1350, refondue en 1750

 

Abeille Cloche

 

 

Chacun sait qu'avant la Révolution, une cloche de l'église de Champfromier, dite "Martine" et donnée pour avoir eu 400 ans en 1750, avait été refondue et rebaptisée le jour de la Pentecote 17 mai 1750. Cette mention, publiée 1918 par l'abbé Genolin dans son ouvrage sur Champfromier (pages 24 et 104), avait certainement été reprise de celle bien plus ancienne, Giron, Champfromier et Montanges, publiée par Debombourg en 1855 (page 26).

 

On en connaît maintenant une publication de date intermédiaire, le 17 août 1879, dans l'hebdomadaire l'Abeille du Bugey, qui reprend les mêmes informations, mais en y ajoutant quelques détails croustillants sur la jalousie des paroisses voisines, et le vicaire généreux qui tombe d'émotion dans les bras du chef de la milice de Nantua !

 

L'Abeille du Bugey (17 août 1879)

 Sous le titre générique de Variétés, et le dessin de l'abeille symbolique de ce journal, ce n'est pas sans surprise que l'on trouve cette publication concernant la plus ancienne cloche connue de l'église de Champfromier. S'étant infomé auprès des plus anciens du villages (99 ans !), le journaliste nous donne des compléments inédits : mention d'archives multiples, 6000 personnes présentes dont de nombreuses personnalités, l'arrivée depuis la fonderie de Pont de Vaux (près de 120 km), les paroissiens voisins qui ne manquaient pas de se réjouir qu'elle fusse félée depuis 400 ans, le vicaire qui aveit payé de ses deniers la refonte et même le remplacement par une cloche de poids bien supérieur, et cette fois la grise-mine quand elle fut réparée, et enfin le brave vicaire qui tombe de bonheur, à moitié évanouï dans les bras du capitaine de la milice bourgeoise de Nantua !

 

Une grande fête donc, joliement narrée. On est toutefois étonné que la cloche ne soit dite qu'arrivée que la veille : cela ne laissait peu de temps pour l'installer en haut du clocher et pour lancer toutes les invitations aux plus notables de ces 6000 personnes... Il manque aussi un détail, celui de l'année de cette cérémonie où la cloche fut baptisée Martine. C'était bien à la pentecôte, un 17 mai, mais de l'année 1750, soit 129 ans avant cette publication, et donc trente années avant que nos plus vieux de 99 ans ne fussent nés...

 

Les précisions apportées par cette publication, ne sont-ils alors que fantaisistes ? Ce n'est pas si sûr, une telle cérémonie avait nécessairement laissé des souvenirs vivaces dans nos foyers encore très pratiquants, la communication orale faisant le reste, une probable petité exagération en prime ! Peut-être aussi les prêches de la Pentecôte en ont-ils fait perdurer le souvenir ! Et d'autres archives, dites si nombreuses, en conservent peut-être encore de plus amples détails...

Quant au retour de la cloche à Pont de Vaux, refondue une nouvelle fois, mais pour les besoins des armées Révolutionnaires, rappelons cette rumeur des anciens qui n'en sont pas si convaincus... (Voir la cloche enfouie).

Publication : Ghislain Lancel. Remerciements : Michel Blanc.

Première publication le 15 juin 2015. Dernière mise à jour de cette page idem.

 

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