Patrimoine et Histoire de Champfromier, par Ghislain LANCEL

Une ferme au Collet, La Tapette*

 

En 1944, sous le prétexte que des résistants y séjournèrent, les allemands brûlèrent toutes les fermes du Collet, un hameau unique pour deux communes, Champfromier et Montanges. La Combe du Collet, si elle garde la magnificence de l'ondulation de ses espaces verts – ou blancs suivant les saisons – est une très longue combe bordée de reliefs boisés. Mais elle a perdu la vie qui l'animait autrefois, ses paysans rudes à la tâche, les enfants qui devaient parcourir des distances considérables pour se rendre été comme hiver à l'école de Champfromier, ses quelques fermes et les vaches laitières qui étaient la principale source de revenus des champfromérands de cette combe.

Les clichés photographiques qui témoignent de ce passé sont très rares. La "Yette" a vécu une partie de son enfance à la Combe du Collet. Des photographies de ce lieu, elle n'en possède non pas deux, mais une seule ! Née en 1934, petite fille âgée d’environ 2 ans, on la voit entre son grand-père paternel, Maradan, et sa mère, Madeleine Ducret-César.

Cette ferme s'appelait la Tapette*. C’était, dit la Yette, la dernière à droite avant d’arriver sur le territoire de Montanges. Elle appartenait à César Ducret, son grand-père maternel. Décédé jeune, c’est sa veuve qui continua seule l’exploitation. L'été, les vaches étaient d'abord mise à paître à la "Penne" (la Peinnaz), autre ferme familiale au Collet, celle-ci étant située plus au nord, au niveau du sommet du Cruchon. Quand la saison s'avançait, et que toute l'herbe était broutée, famille et bestiaux se déplaçaient jusqu'à la Tapette. Agée de 7 ans, la Yette allait alors chercher à pied le pain à la boulangerie du Pont d'Enfer, chez Clément Bornet et sa sœur Marie, qui vendait le pain. Elle empruntait le sentier qui passait entre le Cruchon et le Mont-Pelé pour aboutir à la Combert (ferme sur le territoire de Montanges), non loin de Communal.

Cette ferme fut brûlée par les allemands, avant la montée des gens et des bêtes pour la saison d’été au Collet. Il n’y eut donc personne pour les en empêcher.

Sur la photo on voit couler de l’eau se déversant dans le lavoir. Elle provenait d’une source voisine. Toutes les fermes du Collet avaient ainsi l’eau courante chez eux. Un puits se trouvait aussi en face de la maison.

On voit ensuite la porte de l’écurie, où "ne tenaient pas" 10 vaches, puis la porte d’entrée de l’habitation. Mais là comme ailleurs (comme aux fermes d’Evuaz) la première pièce servait d’entrepôt pour le lait, le son et autres produits agricoles. La deuxième pièce, derrière, dite le poêle, servait de cuisine et de pièce à vivre. Au fond, après avoir descendu quelques marches, on accédait à la cave où l’on conservait le lait caillé au frais pour faire les fromages (tomes ou fromages frais, mais pas de bleu).

Derrière, on distingue une élégante charrette dont les roues avant sont plus petites.

 

Il n'y a plus âme qui vive au Collet de Champfromier. Mais au printemps, en été comme en automne, la Combe du Collet reste un lieu de promenade très apprécié. Et l'hiver, vous y observerez peut-être quelques chiens de traineaux à l'entrainement pour les compétitions hivernales...

 

* Après publications, plusieurs contacts on fait la remarque que la Tapette était située bien plus loin dans la Combe du Collet, en face de la fontaine du même nom, sur le territoire de Montanges. Cette ferme, qui était bien aussi en face d'un bac-fontaine, portait un autre nom, qui a été oublié, l'autre ferme des Ducret-Gauchet étant celle de la Peinnaz, dite alors en patois "la Pinde".

Remerciements : Mme Henriette Vuillermoz (dite Yette), photo et commentaires.

Première publication le 17mars 2010. Dernière mise à jour de cette page, le 9 mai 2010.

 

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