Patrimoine et Histoire de Champfromier, par Ghislain LANCEL |
Champfromier ne manquait pas de charme, à la Belle Epoque, témoins ces personnages endimanchés, et cette magnifique vue du Pont d'Enfer et de la "Maison Evrard", rue des Burgondes à Champfromier. La photo sur plaque ci-dessous est attribuée à Marius Chapuis, ancien opérateur des Frères-Lumières puis ébéniste et maire de Champfromier. Il avait épousé, en 1905 à Lyon, Marie Clémentine MARTIN dont les parents demeuraient à Champfromier.
Compte tenu de la mode féminine, cette photo sur plaque daterait des années 1897-1914 (mais 1893 d'après la présence de la maison Nicollet à l'arrière-plan). Les abords du pont, très dangereux à cet endroit du Pont d'Enfer, sont protégés par un épais muret et au moins quatre chasse-roues en pierre. Pour les piétons, le muret était rehaussé d'une barrière métallique et, au niveau du fameux précipice, par une solide palissade en bois.
La maison Evrard comportait, sur ce côté visible du toit, deux chiens-assis (qui sont donc bien de tradition dans le pays...), ainsi qu'une cheminée sur le côté rue. A remarquer les pierres débordantes à la base de cette cheminée, lesquelles formaient un escalier facilitant l'accès au ramoneur ! En son sommet, la vaste habitation comportait de petits épis de faîtage. A ce jour, le toit restauré a gardé sa forme mais en est dépouillé de ces aménagements traditionnels. La construction se trouvant derrière les personnages n'existe plus, c'était une partie du moulin. Au fond, la maison "Nicollet" n'avait pas encore été prolongée comme actuellement. Les madriers sur le pignon étaient certainement entreposés sur ce mur par l'une des scieries.
Cette maison n'a pris sa dénomination actuelle de "Maison Evrard" qu'après son achat par Antonin EVRARD. Celui-ci devint veuf avec 5 ou 6 enfants lorsque Marie PILLARD, son épouse, décéda des suites de couches. Au préalable la maison avait trois propriétaires, chacun pour un tiers. L'un d'eux étant Auguste NICOLLET, dont la chambre comportait la fenêtre ouvrant sur la rue principale. L'écurie, où chacun disposait aussi d'un tiers de l'espace, permettait à chaque cultivateur de disposer de 2 ou 3 vaches. Jules, l'aîné des deux fils d'Auguste, né dans cette maison, avait ensuite fait construire la "Maison Nicollet", juste à côté en direction de Chézery (où se trouvait un Café), maison ensuite agrandie à sa droite (avec une épicerie). Jules avait épousé Marie COUTIER, couturière. Dans la maison Nicollet, Marie était en même temps épicière, mais elle devint comme paralysée des doigts et membres (une maladie professionnelle des couturières qui n'était évidemment pas reconnue...) et il lui fut alors difficile de contrôler l'épicerie, sachant que les clients se servaient eux-mêmes.... Gustave, second fils d'Auguste Nicollet, est aussi né dans la maison Evrard. Plus tard il habita à la gare, où son épouse fut la première Chef de gare de Champfromier [M. V.].
Il n'a malheureusement pas été possible d'identifier les 3 personnages. Même nos plus ancien(ne)s du village ne les ont pas reconnus, et ajoutent même n'avoir jamais vu de telles tenues de femme lorsqu'ils étaient enfants, ce qui fait donc reculer la prise de vue à une date antérieure à 1922. On ne pourra donc que supposer que ces gens sont des Lyonnais, de la famille ou des amis de Marius Chapuis, ou des Champfromérands, du Pont-d'Enfer ou de la forge Eloi Ducrest.
Remerciements : Mme Micheline Vallet, Mme Yvonne Ducret, Georges Richerot. Plaque photo dont la prise de vue est attribuée à Marius Chapuis, Coll. particulière.
Première publication, le 8 juillet 2008. Dernière mise à jour de cette page, le 18/12/2017.