Patrimoine et Histoire de Champfromier, par Ghislain LANCEL

Inondations à Chézery (et autres)
Débordements de la Valserine
(de 1669 à 1944)

 

La Planche à Dujoux, anciennement quelques perches (troncs) permettant de franchir la Valserine à la limite entre Champfromier et Chézery, fut fréquemment emportée par des crues ravageuses. Depuis le XIXsiècle la presse s'est faite l'écho des catastrophes locales, et en particulier des débordements de la Valserine et des inondations à Chézery. Et ces articles font même parfois référence à d'autres crues mémorables, pour lesquelles on manquait d'informations. Ainsi à travers cinq articles de presse des deux siècles passés, on connaît l'existence des crues de la Valserine ou principales inondations, la dernère mémorable à Chézery en 1910.

Débordement de la Valserine en juillet 1669

En 1699, la Valserine déborda à Chézery, menaçant les logis banaux et l'église paroissiale. Deux chantiers furent engagés, le second pour vider et détourner la rivière avec de grosses pierres, et le premier qui fut réalisé à titre de corvée (gratuite) par les hommes du village, du 21 au 24 juillet. Ils devaient être nombreux à ce poste car, rien que pour leurs repas il en coûta plus de 38 livres. Le fermier des revenus de l'abbaye de Chézery paya pour ces travaux, au compte de 1699 :

"(Article 4 des dépenses). Plus, se décharge le comptable de la somme de 38 livres 8 sols, à quoi arrivent les dépens de bouche par lui faits les 21, 22, 23 et 24 juillet de l’année 1669, aux ouvriers qui ont travaillé à détourner l’eau de la Valserine, qui s’était jetée du côté de l’église paroissiale et logis banaux dudit lieu de Chezery, pour empêcher la ruine d’iceux, n’ayant que simplement fourni leur nourriture, pour être lesdits ouvriers obligés à faire des corvées pour ledit seigneur abbé en cas de nécessité, […], quittance reçue et signée par Me Cabel notaire du 25 juillet 1669 "

"(Article 5 des dépenses et quittance en italien signée des maçons, Antonio et Michel Gabio). Plus, se décharge le comptable de la somme de 9 livres payées à honnête Anthoine Gabio, Me maçon dudit lieu de Chezery, pour avoir rompu et mis en pièce des grosses pierres pour servir à la torne [poche d'eau] contre la rivière de la Valserine, qui endommageait les Logis banaux dudit lieu, appert dudit paiement par quittance dudit Gabio du 4 Xbre 1669".

Source : AD73, SA 3436 (pièces justificatives et compte de 1669).

Débordement de la Valserine en 1734

En août 1734, les eaux étaient restées hautes et le prêtre de Chézery conseillait à l'abbé de l'Abbaye "de nettoyer le cours de la rivière afin qu’elle ne se débordera plus si aisément", proposant des réparations qu’il convenait de faire pour détourner la rivière et l’empêcher de creuser auprès des logis" : "on pourrait avec 4 paniers qu’on remplit de pierres la détourner, mais on craint que la rivière ne prise pas derrière, non pas que ce péril soit prochain pour cette année, mais cela pourrait arriver dans une autre occasion, ou peut-être n’arrivera-t-il pas (...). Pour ce qui est du Ruisseau du moulin, il est réparé" [AD74, 1G334].

Débordement de la Valserine, tour emportée, à Noël 1752

Le 24 décembre 1752, le curé de Chézery porte dans ses registre paroissiaux une note en français titrée Nota Miraculum. Alors qu'il n'avait pas plu depuis 3 mois et demi, une petite pluie augmenta peu à peu et fit enfler prodigieusement la grande rivière [Valserine]. L'inondation ne dura que le jour de Noël mais la Valserine rompit toutes ses digues sur les cabarets, la Tour de Mr l'abbé fut minée dans ses fondations ce qui la ruina entièrement, etc. [Web, Chézery 1750/1759, page 12 à droite (autres détails non relevés). -- Inondation citée dans la visite de l'abbaye du 15 avril 1757, qui rapporte que la tour ronde à l'ouest du cabarêt banal d'en bas (une cave du Rdc et 3 étages avec chacun une chambre), fut emportée, et qu'il faudra en reconstruire une carrée (Burdeyron).]

Voir dans le livre à paraître sur l'abbaye de Chézery : La tour des cabarets de l'abbaye emportée par la crue de 1752.

Débordement de la Valserine, chaussée proche de l'abbaye et pont de Noire Combe emportés, en décembre 1801

Débordement de la Valserine, les 8, 9 et 10 nivôse an X (29 au 31 décembre 1801), gonflée par une pluie abondante et la neige, laquelle a emporté le pont de Noire Combe, à reconstruire (mais il y a désormais deux municipalités...). Cette crue a aussi dégradé la maison et emporté une quantité considérable de pâturage et de terre labourable de Michel Gros-Filley, cultivateur. Deux experts confirment que le jardin soit chenevière, de 5 "déciares (dixièmes d'ares ?)" a été emporté, d'une valeur de 1000 francs ; aussi 5 "déciares" d'une valeur de 1000 francs de terre labourable ; et enfin 24 mètres d'un mur attenant à la maison, pour 96 francs. Suite aux dégats du débordement (terrains emportés, ou couverts de pierre et de gravière), le maire demande au préfet une diminution des contributions pour l'an XI.

Les seuls habitants de Chézery (la commune de Forens ne répondant pas aux sollicitations) sont convoqués pour le 4 prairial (24/05/1802) pour le rétablissement du chemin de "Sur la Chaussée" (principalement la Chaussée de l'Etang, en face des anciens logis, mais probablement aussi en amont du pont de Forens), où "la Valserine a totalement emporté une partie du chemin vicinal aboutissant au Chef-lieu de la commune, et (qui est) d'une utilité particulière aux habitants" pour le commerce et la communication avec les communes voisines (signé du maire, Duraffour). A cette occasion on apprend que les dégâts furent bien plus conséquents qu'on aurait pu l'imaginer. Le cours de la Valserine est désormais à la place de l'immémorial chemin qui se trouvait sur les terres de la ci-devant abbaye. Lors du rétablissement du chemin, retracé aux endroits les moins dommageables, le maire entre en conflits avec les citoyens Joseph Collet et Laurent Dujoux (acquéreur du Logis d'en haut), lesquels, quoiqu'ayant donné leur consentement formel à ce qu'il fut pris de leur terrain pour placer le chemin, se rétractent le jour des travaux et s'opposent ouvertement au chantier, de même que le fermier (?) dudit Dujoux qui a ajouté, en présence de plusieurs personnes, que l'ouvrage ne se ferai pas sans qu'il y ait des coups de donnés. Ces menaces forcent les travailleurs convoqués (un par maison) à cesser leurs travaux et à se retirer. Les fonds avaient été acquis par les citoyens Joseph Collet et Laurent Dujoux, et aussi par Michel Gros-Filley (acquéreur du Logis d'en bas), pour les fonds de derrière, qui avoisinaient le chemin et qui ont été totalement emportés par la rivière. Ce chemin était le seul par où peouvaient passer des voitures. Finalement le conseil municipal (et non plus le maire, seul) arrête à l'unanimité que les chemin serait placé sur le haut de la chenevière n° 17 de Laurent Dujoux, le jardin n° 18 à François Bouffand, une terre n° 22 à Michel Grosfillet, et une pré n° 21 à Joseph Collet (actuel Chemin du Moulin Coquet ) [Chézery, D1, f° 14v-15v, 17, 17v, 19v].

Crue de la Valserine des 15, 16 et 17 février 1812, nouveau bras de la Valserine et nouveau pont (de Vers la Digue)

La délibération du CM de Chézery, du 15 mai 1812, mentionne que, concernant la Place du bas, "tant pour la construction que pour la réparation des digues nécessitées par l'éruption des eaux de la Valsérine, que pour la construction et l'entretien du pont qui fut fait sur la branche nouvellemement formée par la rivière de Valsérine", tout est à la seule charge de Chézery. Le CM demande à ce que le maire "soit autorisé à convoquer les habitants du seul Chézery, partie par partie, et jour par jour, pour travailler aux digues que l'éruption de la Valsérine des 15, 16 et 17 février dernier a nécessité" [AC de Chézery, D3, f° 97v]. On apprend donc que la Valserine a un nouveau lit, et qu'un nouveau pont y est construit.

Un plan produit par F. Burdeyron extrait de la mappe sarde de Chézery en 1730 porte en annotation de sa main, concernant le pont du Chemin des Espagnols au niveau de Noirecombe : "Pont emporté par une crue en février 1812". La planche D2 des plans napoléoniens de 1818 montre que le chemin est toujours coupé devant l'église et qu'il en résulte l'existence de la forme caractéristique de la parcelle D1220, dite en nature de "gravier" à l'Etat des sections.

Le pont, "qui est sur une branche de la Valsérine", existait encore en 1824, et avait alors pris le nom de Pont Vers la Digue. Le 12 mai 1824, la municipalité de Chézery (toujours sans Forens), décide de le réparer [AC de Chézery, D2].

Ce débordement de la Valserine en 1812 est aussi mentionné dans un petit ouvrage romancé, sur base historique [Andrée Clément, Rouffy, p. 57].

Sur la feuille de plan C1 de 1818, au sud de la Léchère, rive gauche de la valserine, un bras et une île s'étant vraisemblablement formés, des lignes non effacées témoignent que des parcelles furent certainement redessinées pour tenir compte des modifications apportées par un nouveau lit de la Valserine. Sur la feuille D2, on remarquera aussi le grand chemin du bas (ancien Chemin des Espagnols), coupé, et qui après être arrivé jusqu'aux Logis, fait demi-tour pour contourner l'ancienne abbaye. Un second pont, en aval de celui ancestral, permet de passer rive droite de la rivière.

Une digue pour sauver l'église en 1823-1832

En 1823, l'eau n'est plus qu'à 3,50 mètre de l'église.... [Lien en préparation].

Crue des rivières, mais sans mention concernant la Valserine en 1840

Voir au 22/11/1874 (fin de l'article).

Le Journal de Genève rapportera en 1874, ayant pour source l'Abeille, le souvenir que les eaux de nos rivières se sont élevées à une hauteur presque égale à celles qu'elles avaient atteinte en 1840 [Le Journal de Genève, 28 novembre 1874, p. 2]. Toutefois la Valserine ne semble pas avoir provoqué de dégats. Ce fut au mois de novembre que les fleuves ont débordé. Lyon fut inondé durant 24 jours.

Vu la circulaire du préfet, le CM de Chézery vôte une somme de 200 francs pour les inondés de l'Ain (mais avec la mention marginale : de la Saône !) [Chézery, D3, acte n° 44].

Crues du Rhône et de la Valserine, fin mai 1856

L'hebdomadaire L'Abeille, édition du 31 mai 1856, consacre une demie colonne aux effets de la pluie, tombée presque dans discontinuer depuis le 28 mai, et qui a fait déborder les rivières. On circule en bâteau dans les rues de Seyssel ; la diligence de Lyon a Nantua a été obligée de passer la nuit à Montuel ; la passerelle établie sur la Valserine, en amont de Chézery, a eu l'une de ses culée emportée en partie, de manière à rendre la circulation dangereuse.

Crue du 2 novembre 1859 (Chézery)

Valserine, crue

Voir à Moulin-Thomas

Crue de la Valserine 1863

La crue extraordinaire de la Valserine, le 25 septembre 1863, a fait perdre en moyenne un mètre de terrain sur une longueur de 30 mètres, rive gauche en aval du barrage de la scierie Jules Grofillex à Tilleret-Bas/L'Avenière [AD01, 7S7 195 (anc. S 4000)]

Inondations de 1874 (Champfromier, Montanges, Chézery, pont de bois de Trébillet, etc.)

On sait que le 19 novembre 1874, Jules Grosfillex vit la Valserine emporter le barrage de sa scierie à Tilleret-Bas/L'Avenière, et son pont dit Pont de Norecombe, mettant son usine au chômage. De nouvelles crues suivirent les 28 et 19 janvier 1875 [AD01, 7S7 195 (anc. S 4000)]. En novembre les dégâts furent observés en bien des endroits (voir ci-dessous).

Valserine, crueValserine, crue

Un article de synthèse fut aussi publié par L'Abeille, le 24 janvier 1875, rappelant qu'à Chézery, Champfromier et Montanges, la Vaserine a fait subir des avaries à plusieurs usines. Le chemin de grande communication a été détérioré en divers endroits.

Inondations de 1896 (voir peut-être 1899)

Voir au 23/01/1910 (2e paragraphe)

Inondations de 1899

Voir Inondations de Chézery en 1899 [En préparation (Chézery/Rivières)]

Inondations de 1910 (Région)

Valserine, crue

Cette crue de 1910 emporta aussi un pont rudimentaire sur la Valserine (celui du Chemin des Espagnols à Noirecombe ?), "ainsi qu'une borne antique fixée à proximité" [Laubépin, note 1 page 4].

Voir à Moulin-Thomas

Inondations de 1944 (Chézery)

Valserine, crue

Voir à Usine électrique Grosfilley.

 

Voir aussi à Catastrophes, des références de livres signalant des débordements de la Valserine de 1752 à 1812.

 

Publication : Ghislain Lancel. Remerciements : Michel Blanc (tous les documents ne provenant pas d'archives).

Première publication le 10 février 2015. Dernière mise à jour de cette page, le 26 novembre 2023.

 

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