Patrimoine et Histoire de Champfromier, par Ghislain LANCEL

La Trouillette (Exsurgence des Avalanches)

La Trouillette est une exsurgence spectaculaire de Champfromier, souvent à sec, et parfois déversant ses eaux à grands flots pour alimenter la Volferine.

  
La Trouillete, au bas du synclinal, détail des deux accès à sec (Photo Thierry Tournier) et en crue (G. Lancel)

Coordonnées

Coordonnées : Lat. N 46° I2’ 46.73 " Long. E 05° 48’ 30.28"

Altitude : 805 mètres

Situation géologique de l'entrée : Kimméridgien

 

Historique

Située à la base du synclinal des Avalanches, la Trouillette est la source de la Volferine.


La vasque de l'exsurgence (à sec).
Au centre, sombre, le très discret trou d'où jaillit l'eau en abondance durant les crues...

Les premières explorations en plongée souterraine eurent lieux en 1970 par une équipe du Spéléo Club de Lyon et ont permis le franchissement du siphon d’entrée puis la découverte de plusieurs centaines de mètres de galeries.

C’est lors de l’exploration d’une galerie remontante et boueuse et après une désobstruction que les spéléos découvrirent l’entrée supérieure, permettant ainsi de court-circuiter le siphon d’entrée et offrant l’exploration aux spéléologues non adeptes des plongées.

A la fin des années soixante-dix, le Spéléo Club de la MJC de Bellegarde (Michel Neyroud, Jean-Claude Furlan, Hubert et Charles Ruggeri) reprend les explorations, et rajoute quelques centaines de mètres d’explorations de galeries noyées.

Certaines galeries, n’ont jamais été reprises depuis cette époque, comme quelques siphons de la Galerie du Mat et la très prometteuse Galerie du Chien.

Les conditions extrêmes de l’époque ont impliqué le renfort des meilleurs spéléos plongeurs du moment. C’est ainsi que les plongées du Spéléo Club de Paris (Xavier Goyet, Pascal Guiroton et Patrick Rouillon) sous la direction du SCMJCB ont exploré près de 800 mètres supplémentaires par 55 mètres de profondeur de nouvelles galeries noyées dans le siphon de la Galerie Saint-Valentin.

Le suisse Jean-Jacques Bollanz du Groupe Lausannois de Plongée Souterraine a poussé l’exploration du siphon terminal de la Galerie du Mat sur près de 250 mètres, s’arrêtant à 55 mètres de profondeur.

En 1984, le Spéléo Club de Bellegarde et La Section Spéléo des naturalistes d’Oyonnax (Thierry Tournier, Christian Locatelli) s’arrêtent à l80 mètres dans le siphon de la Galerie des Conduits, à une profondeur de 25 mètres.

Dans les années quatre-vingt-dix, France et Dominique Kensisher, du SCMJCB, découvrent une troisième entrée supérieure, ouverte après de nombreuses séances de désobstruction dans une galerie remontante appelée le Toboggan.

Le transport des équipements, la longueur et la profondeur des plongées, la température de l’eau, font que les futures explorations impliqueront une fois encore l’usage des dernières technologies avec des plongeurs du plus haut niveau. Des projets sont en cours (novembre 2010)…

Description

L’entrée de la Trouillette, vaste entonnoir menant après un passage entre blocs à un siphon de 20 mètres de long, est creusée sur un joint de strates, large mais peu profond, qui émerge à la base de la Salle de l’Horloge.

La salle de l’Horloge, mesurant environ l5 mètres sur l5, remonte fortement en gradin sur une quinzaine de mètres jusqu’au départ de plusieurs galeries qui sont de gauche à droite :

1) La Galerie de l’Apnée, galerie remontante et de petit gabarit, humide et recouverte de moonmilk. Après quelques ressauts et vasques (anciennes voûtes mouillantes) elle ressort à la surface après avoir été désobstruée de l'intérieur à une quinzaine de mètres à l’aplomb de l'entrée principale.

2) La Galerie des Conduits, qui débute par une conduite forcée se relevant progressivement, avec courant d’air. Au bout d’une soixantaine de mètres elle recoupe une diaclase qui menant à un siphon détermine un changement de direction. (180m. -25m. T. Tournier, C. Locatelli). Une remontée au dessus du siphon nous mène à un méandre se scindant en deux parties.

Le méandre de droite se termine sur un puits de treize mètres donnant sur un plan d’eau siphonnant au bout d’une dizaine de mètres. Il s’agit certainement de la suite de la diaclase noyée que nous avions quittée précédemment, l’horizontalité des strates et la configuration de cette galerie laisse présager de courtes voûtes mouillantes et nous autorise beaucoup d’espoirs de prolongements.

Le méandre de gauche se poursuit par une cheminée conduisant à d’étroites galeries sur joints de strates.

Le réseau des conduits présente un intérêt considérable car il est certainement en corrélation avec la "grotte des Avalanches" (du Pas du Bœuf).

3) La galerie du Mât, démarre au plafond de la salle de l’Horloge au dessus du départ de la Galerie Saint-Valentin. Le 16 Janvier 1971 une plongée de deux membres du Spéléo Club de Lyon a permis de passer le mât d’escalade du Comité Départemental de Spéléologie et ainsi de prendre pied dans la galerie.

De bonnes dimensions, parsemée de blocs effondrés dans sa première partie, elle présente un aspect en conduite forcée sur les cents derniers mètres. Son développement avoisine les deux cent mètres jusqu’au siphon terminal (250 m. - 55 m. J.-J. Bollanz).

Sur la droite une galerie perpendiculaire à la galerie principale bute aussi sur un siphon (6 m. arrêt à la base d’une cascade M. Neyroud).

4) La Galerie Saint-Valentin ; grande galerie de vaste dimension (5x3) et de deux cents mètres de long. Elle se termine également sur un siphon (800 m. - 55m. X. Goyet).

Un réseau de galeries secondaires double par endroit la galerie principale. Deux galeries affluentes débouchent sur la droite, d’une part le toboggan laminoir remontant qui permis de retrouver la surface après avoir été désobstrué dans les années 90 par le SCMJCB. d’autre part la galerie du Chien qui seulement barrée par une voûte mouillante permettra de futures explorations…


X. Goyet et T. Tournier s’équipant pour une plongée dans le siphon de la galerie Saint-Valentin
(Photo Michel Neyroud)

 

Voir aussi dans la presse la vidange artificielle du siphon de la Trouillette en septembre 1990 et le projet de captage des eaux ; les nouvelles explorations en 2011.

Voir aussi, du 9 au 11 octobre 2011, le débordement de l'exsurgence de la Trouillette, une décrue, la remontée et finalement le bassin vidé en une journée Photos dans Picassa.

 

Remerciements :Thierry Tournier. Crédit photographique du débordement de l'exsurgence : Ghislain Lancel.

Première publication le 13 novembre 2010. Dernière mise à jour de cette page, le 10 octobre 2011.

 

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