Patrimoine et Histoire de Champfromier, par Ghislain LANCEL

Graphies anciennes et étymologies de Champfromier

 

Le village de Champfromier a évidemment fait l'objet de nombreuses recherches étymologiques, et de réponses assez surprenantes... On en trouvera quelques-unes en bas de cette page.

 

Les recherches de justificatifs permettent d'attester (ou de commenter) les graphies anciennes suivantes de Champfromier, aux dates mentionnées :

Graphies en latin (par odre chronologique)

(Sancti Martini Altisiodoriensis) : 930. [Douteux]. L'original manque. On en connait plusieurs copies, comme celle intégrale publiée en 1650 par Guichenon [Histoire de la Bresse et du Bugey, Preuves page 215]. Il fut longtemps considéré que ce Saint-Martin d'Auxerre, dont seule l'église de Champfromier possède ce saint patron dans la région, justifiait de l'existence de Champfromier dès cette date reculée. De nombreuses réserves se sont maintenant exprimées à la suite de l'abbé Paul-Dubreuil, lequel a observé que les génélogies familiales des donateurs ne se retrouvent dans aucune autre source d'archive, alors que ces donateurs auraient nécessairement dû être puissants et connus pour posséder de tels espaces de terres... On connait maintenant de nombreux faux construits de toute pièce par les abbayes pour justifier de leurs possessions. Des actes nouvellement repris viennent mettre d'autres doutes...

Capellanus de Chamfornier : 1275. Jusqu'à preuve du contraire, c'est la mention attestée la plus ancienne de Champfromier, avec un chapelain et donc en théorie une chapelle (et donc pas d'église ni de paroisse, mais ce même terme de Capellanus est employé pour toutes les communautés répertoriées) en ce lieu. Dans ce compte de décime, le chapelain de Champfromier contribue pour une livre (Montanges aussi pour une livre, Echallon pour 1 livre 12 sols mais Chézery pour 14 sols seulement) à l'imposition dans le décanat d'Aubonne (Suisse) dont il relevait (voir l'historique à Religion). Les décimes étaient un impôt sur les revenus du clergé, instauré en 1199 par le pape Innocent III, et initialement destiné au financement des croisades... [Etienne Clouzot, Pouillés.., pp. LXXVI, 303, 308-309, qui donne pour source : Archives du Vatican, Introitus et existus, vol. 12, fol. 16-23].

Capellanus de Chanfromer  : 1344 env. Pour cette nouvelle décime, Champfromier, qui n'a toujours qu'un chapelain (mais il en serait de même pour toutes les communautés des environs), contribue à hauteur de 35 sols (soit 1 livre 15 sols, Montanges pour 30 sols, Echallon pour 50 sols et Chézery pour 15 sols) sur un total de 964 livres pour le décanat entier d'Aubonne, qui compte bien plus d'une centaine de paroisses [Etienne Clouzot, Pouillés.., p. LXXVIII, 322, 333, qui donne pour source : Archives d'Etat de Genève, Grosses de Peney, 1er vol., fol. 46-48v°].

Curatus de Chanfroynin : XIVsiècle. Cette autre taxe de la décime, de date très imprécise suivant les spécialistes, voit la cure de Champfromier participer pour 10 livres (celle de Montanges pour la même somme, Echallon pour 20 livres et Chézery pour 7 livres) [Etienne Clouzot, Pouillés.., pp. LXXVI, 334, 337, qui donne pour source : Paris, Bibl. nationale, ms. latin 10031, fol.87-96]. Cette mention d'une cure signalerait le passage d'une chapelle à une église, à une paroisse (et de même pour tous les autres lieux taxés).

Campifromerii : 1443. Visite pastorale puis inventaire des biens (Arch. du diocèse à Bourg, 470/13 – Publié en français dans Histoire de Champfromier, p. 29)].

Ecclesia Campi fromerii : 1452 [H50 (Nantua, par P. Blanc, p. 211, traduction p. 152]. C'est vraisemblablement par erreur que l'année 1399 est donnée par Philipon, Dictionnaire..., p. 88, avec pour source : Arch. Dép. de l'Ain, H 53 puisque ce document n'a pas été retrouvé à la cote indiquée, pas même par le personnel des archives. Cette première mise en valeur des fromages de Champfromier dans la toponymie latine peut néanmoins surprendre !

Ecclesiam de Champfrumier : 1411 (Lundi 25 mai) : Compte-rendu de visite paroissiale par l'évêque Jean de Bertrand [Les visites pastorales du Diocèse de Genève..., par Louis Binz, p. 13, d'après les originaux, Archives d'Etat de Genève, Titres et droits Ad 1].

Ecclesiam de Champfrumier, vicariis de Champfrumyer : 1414 (30 mai) : Compte-rendu de visite paroissiale par l'évêque Jean de Bertrand, et instructions données à divers vicaires, dont celui de Champfromier [Les visites pastorales du Diocèse de Genève..., par Louis Binz, p. 452, 455, d'après les originaux, Archives d'Etat de Genève, Titres et droits Ad 1].

Campusfromerius (...) parrochialem ecclesiam de Campofromerio sub vocabulo sancti Martini : visite pastorale de 1443 [AD74, 2Mi 72 (d'après 1G98, f° 160)].

Cura de Chanfrumer : XVsiècle. Ce pouillé, qui pourrait dater de 1470, est relatif aux collations accordées par l'évêque (on dirait aujourd"hui aux nominations), pouillé classé par ordre des présentateurs (qui procèdent aux présentations, aux propositions). Les prêtres de Champfromier sont présentés par le prieur de Nantua (de même que ceux de Montanges, St-Germain de Joux, etc.) [Etienne Clouzot, Pouillés.., pp. LXXIX, 356-357, qui donne pour source : Archives d'Etat de Genève, ms historique 48, p. 1-17]. On sait que l'évêque avait parfois le choix parmi plusieurs prêtres présentés, si toutefois ils avaient été présentés, comme ce manquement à Champfromier en 1711...

 

Graphies en français (par ordre alphabétique)

Champfromyer : Limitation de la paroisse, étant restée en maimortable, contrairement aux voisines, en 1645 [H65].

Champ Fremier : Occasionnel, comme pour la certification du registre paroissial de 1748.

Champfromier (Graphie actuelle) : 1632, Registre paroissial, exemplaire de la mairie (page 11) ; 1738/39, Us et coutume (Fonds Delaville, Mss 263 (à noter que cette collation reprend des déclarations de 1625 et de 1454 dont les originaux manquent.) ; 1757, Carte de Cassini ; 1833, Atlas cadastral (dit napoléonien).

Champhromier : 1774, Couverture du "Dénombrement des Ames de la paroisse de Champhromier", par l'abbé Jean-Antoine Genolin en novembre 1774. A la dernière page, mentionnant que le dénombrement est achevé, Champfromier est écrit avec la graphie actuelle.

Chanfournier : 1666/69, Mémoire de l'intendant Bouchu [Archives Départementales de la Côte-d'Or à Dijon ; C 2891, pages 185, ou sur le web en ligne pages 93].

Chanfrumier : Actes de baptême du registre de 1604, rédigés par le vicaire. Il utilise occasionnellement la graphie Chamfrumier (mai 1605), puis passe à Chanpfrumier (1606). Le curé Mermet, quand il rédige, utilise lui la notation habituelle de Champfromier [Registres paroissiaux].

Chanfromier : 1734 Mention de l'archiprêtré de Champfromier [Philipon, Dictionnaire..., p. 88, qui donne pour source : "Descr. de Bourgogne"] (non vérifié, présumé à Dijon, Etat par un intendant).

Chansorny : 1690/1700, Carte de Jaillot [Coll. Madeleine Monnet].

 

Etymologies

Citons quelques propositions.

"L'étymologie de (...) Champfromier est inconnue ; car faire dériver Champfromier de campus frumenti est une amère dérision, attendu que cette localité ne produit par le grain nécessaire à sa consommation, et qu'un climat rigoureux, des hivers fort longs, un sol couvert de rochers et de pierres rendent Champfromier tout-à-fait impropre à l'agriculture. On est donc loin d'y trouver un champ de froment !....... [sic]" [En marge : T. Ogier, la France par cantons] [Debombourg, dans Giron, Champfromier, Montange, 6 décembre 1855, p. 2]

Champfromier aurait une étymologie hybride associant latin et germanique, campus (latin, champs) et Fruma-hard du nom du propriétaire (typiquement germanique, sens de pieux et de dur au combat) [Mehier, probablement tiré de Perrenot, cité par Dauzat, Dict. éthym.].

On peut aussi penser au Champ du fourmier, c'est à dire du marchand ou fabriquant de fromage (ou fourme) [Vurpas, Noms de lieux de l'Ain, 1999 (page 156)].

 

 

Remerciements : Jean-Marie Plouin (Pouillés et mentions en latin).

Première parution de cette page le 23 décembre 2009. Dernière mise à jour, le 19 août 2015.

 

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